Generation AK The Afghanistan wars

"Au jour où j’écris, la fonte des neiges a commencé dans les cols de l’Hindou Kouch, les gelées sont finies, la boue envahit les rues de la vieille ville de Kaboul, et avec le printemps qui renaît, les massacres reprennent en Afghanistan. Hier seulement, on a dénombré vingt- quatre morts. Des femmes, des enfants, des agents de sécurité, des policiers, des membres du personnel soignant, des soldats et des vieillards, abattus ou déchiquetés dans une explosion, sur la route, à un point de contrôle, chez eux. J’ai dit hier, mais ce pourrait aussi bien être en 2008, en 2001 ou en 1995.

Ce cycle perpétuel de violences est désespérant.

Rien d'étonnant à ce que l’Occident soit désormais « lassé » de l’Afghanistan. Pour tout dire, nous étions déjà lassés avant même l’arrivée des premières troupes. Pourquoi s’arracher à la succession magique des « iProduits » qui réinventent nos vies ? Comme mon fils, alors âgé de six ans, le disait en 2001, dans une phrase qui exprime à la fois le besoin de divertissement et l’isolement rampant générés par Internet :

« C’est peut-être important, mais pas pour moi. »

Ne croyez pas que cette lassitude ne soit pas aussi, à une toute autre échelle, le lot des Afghans, livrés aux extrémistes religieux, aux seigneurs de la guerre, à un personnel politique corrompu, à des ignares meurtriers et aux trafiquants de drogue. On le lit sur les visages. Ici, la résignation est un moyen de survie."