Guy Bourdin Untouched

Exhumées, triées, étudiées à l’égal de précieux vestiges archéologiques, les photographies montrées dans Untouched jettent une lumière neuve sur les années d’apprentissage de Bourdin : entre 1949, l’année de son retour à la vie civile après son service militaire dans 1 armee de 1 air, et 1955,1 annee de sa première commande pour Vogue.

Aucun photographe n’a avec autant de ténacité poursuivi sa voie et forgé une esthétique propre en se servant de la mode et de la publicité. Prises une à une, les images publiées de Bourdin peuvent être fascinantes, troublantes, obsédantes ; l’ensemble constitue un univers parallèle étrange, décalé, mais parfaitement crédible : notre monde reconfiguré par l’imagination de l’artiste.

La réputation de Guy Bourdin prit pleinement son envol dans les années soixante-dix, où il put jouir, grâce à Francine Crescent, rédactrice en chef du Vogue français, d’une entière liberté artistique. Glamour et chic décadent étaient les mots d’ordre de l’époque. Avec leurs photos à la charge érotique, qui tissaient des scripts aux tonalités ambigües, Bourdin et Helmut Newton régnaient dans les pages du magazine, et chacun à leur manière repoussaient les limites de ce qu’une image de mode était supposée être. Le point fort de Bourdin était la couleur et ses photos au graphisme dynamique, prises en studio ou en extérieur, nous entraînaient dans un monde où des mannequins sophistiqués étaient comme piégés dans des scénarios aussi inexplicables que dérangeants.